Conférence 2009



BRACY Christian


Critique d'Art



 

 

Christian Bracy a apporté une analyse de l'exposition qui a donné l'occasion de proposer une rencontre - débat en arts visuels sur le thème de l'art moderne et contemporain de Guadeloupe, accompagné de l'artiste Michel Rovelas.

"En cette terre, en ce lieu, aujourd’hui, des artistes réunis par Jean-Marc HUNT, plasticien et pour l’occasion scénographe et commissaire d’exposition affichent fièrement leur
guadeloupéanité au travers de leurs productions respectives. Mais qu’est-ce à dire exactement?

A mon sens cela implique pour tout un chacun, reconnaissance et affirmation de soi à partir d’un pays, d’une terre, des habitudes, des attitudes devant la vie, des gestes, une conception et une représentation du monde. Autant de notions, de mécanismes qui s’articulent à la mémoire des faits passés, à l’appropriation de l’histoire, et qui caractérisent une culture spécifique.

 


L’expression culturelle doit-elle pour autant être passéiste? Cette question travaille tout artiste créateur et singulièrement aux Antilles : doit-on nécessairement s’enfermer dans un éternel retour de la douleur? Pour ma part, j’affirme qu’un homme qui fut abominé par un système de subordination et d’exploitation inique, n’est pas lui-même, et nécessairement un être abominable.

Je trouve confirmation de cette idée dans cette déclaration d’Edouard GLISSANT
 : « la trame du monde s’avive de toutes les particularités, quantifiées de tous les lieux reconnus ».

 

Comprenons bien qu’une connaissance sérieuse de son milieu, et de sa culture propre n’oblige nullement l’artiste créatif à limiter son champ d’investigation, à clôturer l’espace de son domaine d’expression. Au contraire un niveau d’exigence élevé, l’entraîne à comparer, discriminer, et à échanger avec autrui, à concevoir et à synthétiser. La création se joue dans le rapport que l’artiste entretient avec le monde et avec son milieu. Faire œuvre ne signifie pas bêtement savoir faire, mais mettre une idée au service d’un projet et d’une démarche. Il faut pourtant souligner que les plasticiens réunis sous ce chapiteau ne constituent pas un groupe homogène avec un style commun. Bien sûr certains d’entre eux se connaissent bien, et d’autres moins, mais ce qui fait lien entre eux est précisément leur appartenance identitaire..."

Extrait de la critique "Ici, en ce lieu, les temps changent" / mai 2009.



Texte à découvrir en intégralité dans le catalogue d'exposition Art Bemao 2009.

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